Disparition dans l’Aa :  famille, soutiens et associations demandent la reprise des recherches.

Il y a un plus d’une semaine, Jumaa Alhasan, 27 ans, originaire de Syrie, a disparu alors qu’il tentait de rejoindre le Royaume-Uni en bateau. Plusieurs personnes témoignent l’avoir vu se jeter à l’eau pour rejoindre une embarcation dans le Canal de l’Aa, près de Gravelines et ne l’ont jamais vu remonter. Depuis, sa famille et ses proches sont sans nouvelles. 

Il est 00h01 le dimanche 3 mars, quand l’équipe de l’association Utopia 56 reçoit un message sur le téléphone d’urgence « A person died in the river » (une personne est morte dans la rivière) ainsi qu’une localisation sur l’Aa près de Gravelines. Rapidement, l’équipe informe les pompiers et la police. Quelques heures plus tard les bénévoles rencontre Bashir*, une des personnes du groupe qui témoigne « nous étions sur le bateau, et notre ami a essayé de venir avec nous quand on allait traverser vers le Royaume-Uni, et la police est arrivée, à peu près six d’entre eux, et nous avons eu peur d’avoir des problèmes. Notre ami a sauté pour nous rejoindre, mais il ne nageait pas très bien et nous l’avons perdu dans la rivière. Nous avons crié à la police, et ils s’en fichaient. L’un d’eux nous a dit « ce n’est pas notre travail » […] ».

Vers 10h00, joint par l’association, le commissariat de Dunkerque annonce avoir envoyé un drone et une caméra thermique sans trouver personne. Quelques heures seulement après la disparition d’un homme, les recherches sont terminées. 

Pourtant, entre le dimanche et le lundi, au moins cinq personnes présentes sur l’embarcation sollicitent les bénévoles et soutiens présents dans les lieux de vie à Calais : tous témoignent de la même histoire. Jumaa n’est jamais sorti du Canal, selon certains les recherches menées par la police ont duré une heure à peine.

« Syriens, afghans, si nous ne sommes pas blancs, ils n’en ont rien à faire, ils nous tuent ! ». Un ami de Jumaa, présent sur le bateau.

Mohammad, son oncle, est venu à Calais dans l’espoir de le retrouver et  de pouvoir faire le lien avec ses parents restés en Syrie. Il se présente le samedi 9 mars au commissariat pour signaler sa disparition. Si les policiers prennent son témoignage, ils se contenteront d’une simple main courante, les recherches ne seront pas relancées. 

Depuis 1999, le décompte, non-officiel des morts à la frontière franco-britannique, fait état de 402 victimes, la dernière étant Roula, 7 ans, décédée le soir de la disparition de Jumaa, un peu plus haut sur le fleuve de l’Aa. 

Ce chiffre ne reflète pourtant pas la réalité : ils s’appellent Jumaa, Zanyaar, William, Haftom, Nima ou encore Hiva et tant d’autres, tous disparus, certains en mer, d’autres, comme Jumaa dans un fleuve pourtant facile à prospecter. Laissés sans réponse par des institutions indifférentes, les proches de ces victimes se voient privé·es de toute possibilité de faire le deuil. 

Aujourd’hui 12 mars, le procureur de la République de Dunkerque a été saisi par les soutiens afin de faire rouvrir une enquête. 

Pour Jumaa et sa famille, il est nécessaire que les autorités compétentes reprennent les recherches, telles qu’elles auraient été menées si la victime n’avait pas été une personne en exil.


Associations signataires : L’Auberge des Migrants et ses projets (Channel Info project et Woodyard), Care4Calais, Humans for Rights Network,  Institute of Race Relations, La Cimade Nord Picardie, LDH Dunkerque, Médecins du Monde nord littoral, Médecins Sans Frontières, Le MRAP-littoral dunkerquois, Project Play, Refugee Community Kitchen, Refugee Women’s Centre, Safe Passage International, Salam Nord/Pas-de-Calais, Secours Catholique – délégation Nord-Lille, Secours Catholique – délégation Pas-de-Calais, Utopia 56


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