Dunkerque, le 20 juin 2025.
Les 14 et 15 juin, sept personnes ont été blessées et trois personnes ont perdu la vie lors de fusillades dans les campements informels de Loon-Plage, sur lesquels survivent plus de 1500 personnes exilées parmi lesquelles de nombreuses familles.
Le mercredi 18 juin, une partie des habitant.e.s ont été expulsé.es et leurs lieux de (sur)vie détruits. C’est la seule réponse qu’a apporté l’État pour répondre à l’urgence de la situation et accompagner les victimes et témoins des drames de ce week-end : lesprécariser davantage.
Nous, associations, collectifs et personnes solidaires, alertons face à la situation
intenable des personnes exilées à la frontière franco-britannique et dénonçons la responsabilité des États français et britannique dans ces drames.
Le 29 avril dernier, le sous-préfet de Dunkerque, Frédéric Loiseau et le préfet délégué à la défense et à la sécurité pour la région Hauts-de-France, Vincent Lagoguey annonçaient multiplier les expulsions des lieux de vie du Dunkerquois. Annonce mise à exécution depuis : les expulsions sont désormais hebdomadaires, voire plus fréquentes encore. Ainsi, en mai, Human Rights Observers a documenté au moins 10 expulsions, la destruction de 6 lieux de vie différents et au moins 2 opérations de destruction de commerces informels. Lors de ces opérations de police, les biens essentiels à la survie des habitant.e.s des lieux de vie de Loon-Plage — tentes, gilets de sauvetage, nourriture, téléphones, traitements médicaux — sont saisis puis détruits.
Ce sont ces opérations de police et les différents éléments constitutifs de la politique de “lutte contre les points de fixation” que mène l’État français sur le littoral nord qui créent et renforcent les conditions préalables à ces drames.
En ne proposant pas de mise à l’abri adaptée aux personnes exilées du littoral, l’État faillit à son devoir de protection, particulièrement vis-à-vis des enfants, de plus en plus nombreux
dans les lieux de vie de Loon-Plage. En confisquant les biens nécessaires à la survie des personnes, notamment les tentes et sacs de couchage, l’État créé les règles du jeu d’une compétition féroce pour des ressources raréfiées. En arrêtant les personnes exilées de manière aléatoire et arbitraire, l’État créé un climat de défiance entraînant un moindre recours aux institutions policières en cas de violences physiques, sexuelles ou psychologiques. Les fusillades des 14 et 15 juin n’auraient pas eu lieu sans le désengagement de l’État sur le littoral Nord.
Expulser régulièrement des lieux de vie n’est pas une réponse aux problématiques structurelles et humanitaires qui s’y posent. Ces opérations violentes ne font qu’aggraver la précarité, renforcer les tensions existantes, et accroître les risques pour les personnes déjà en situation de grande vulnérabilité.
Nous dénonçons fermement cette politique de non-accueil mortifère à la frontière et exigeons la fin immédiate des expulsions. Nous demandons un changement de cap politique et la mise en place d’un accueil digne, stable et respectueux des droits fondamentaux pour toutes les personnes exilées.
Signataires
Human Rights Observers, MRAP, Médecins du Monde – programme nord littoral, Project Play, L’Auberge des Migrants, Salam, Utopia 56 Grande-Synthe, Ligue des Droits de l’Homme Dunkerque
Photographie : @elio_j